Peut-être que je suis en train de céder aussi à l’injonction aux #travepics dictée par Instagram. Pas tout à fait… Je vous raconte.

Pour vous c’était il y a trois ans, pour moi hier. Je partais, sac au dos en solo, pour un voyage d’un an autour de ce monde que je connaissais si peu. Six mois en Amérique latine, six autres en Asie. Une petite année qui allait se révéler décisive… Pour mon premier pays je choisissais Cuba. Le Cuba d’avant la levée de l’embargo et de l’invasion américaine. J’y étais allée quelques années auparavant munie de mon petit appareil photo numérique que mon copain de l’époque m’avait offert pour mon anniversaire. Une petite semaine dans les Caraïbes qui m’avait laissée un souvenir grisant. Déjà, à l’époque, je mettais prise au jeu de photographier ce peuple sorti d’un autre temps.


Je suis donc revenue dans ce Cuba si photogénique, cette fois-ci avec mon boitier reflex autour du cou. Prendre des photos a toujours été un instinct naturel mais c’est bien Cuba qui m’a poussée dans l’engrenage photographique si envoûtant duquel je ne sortirais plus. C’était il y a trois ans et le petit garçon que vous voyez sur cette photo est le premier portrait d’enfant inconnu que j’ai fait de ma vie. Je ne savais pas encore qu’il en serait suivi par des centaines d’autres et que j’en ferai mon métier. Pour vous c’est un portrait d’enfant somme toute assez banal. Pour moi, c’est le symbole du tournant de ma vie. Pour vous c’était il y a trois ans, pour moi c’était hier. C’est surtout aujourd’hui.

Des enfants, j’en ai croisé beaucoup à Cuba. Ils envahissent les rues. Dans celles escarpées de Santiago, la capitale noire de l’île, je marche sous une chaleur écrasante. 40 degrés, au moins +8000 en température ressentie. Les gens siestent langoureusement sous les tonnelles, souvent en famille. Mon appareil photo intrigue et attire ces enfants vêtus tout en couleurs. J’hésite mais les parents devancent ma question en me faisant un signe de la main. Je mitraille.


Ici, une petite fille toute endimanchée ( à la cubaine ) visiblement intriguée par mon objectif, accompagne sa maman et ses copines venues boire du rhum sur la plazza de la Revolucion. Je fonds ! Oui, le décors est cliché, typiquement cubain, pareil à nulle part ailleurs dans le monde. Mais le regard de cette petite fille, lui, je le connais. Le regard universel, curieux et sans jugement de l’enfant que l’on photographie. Les yeux qui brillent, comme on dit.

J’aime la gaieté simple de l’enfance. Ceux que la vie étonne, que la vie surprend, et qui s’amusent du monde, ceux-là aussi ont la vertu. Ils ne sont pas sérieux. Les grandes choses, les beaux discours, les événements historiques, ça ne les intéresse pas. Même, quelquefois, ils les regardent, du coin de l’oeil, ils les écoutent du coin de l’oreille, l’air un peu étonné, et ces grandes choses et ces belles phrases tombent à plat, un peu dépitées, sans plus oser être solennelles. Ceux qui ont cette gaîté n’ont pas mauvais esprit. Mais c’est simplement que les grandes choses ne sont pas toujours celles qu’on croit, et que la beauté et la vérité n’ont pas besoin d’être sérieuses…” Jean-Marie Gustave le Clézio

 

Je suis aujourd’hui encore toujours fascinée par les yeux de l’enfant intrigué. Il ne sait pas encore parler mais a déjà tout dit. Comme pour mes petits clients Français, je me mets à sa hauteur, presque agenouillée et procède à un plan serré, de sorte que l’on ne peut s’échapper du cadre, comme prisonnier de son regard, innocemment puissant.


Des enfants, j’en rencontrerai beaucoup pendant ce voyage autour du monde. Ils n’auront pas la même chance de recevoir une éducation descente comme les enfants cubains. Plongés beaucoup trop tôt dans la violence du monde adulte… Mais ça, c’est une autre hïstoire…

 

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  1. Yvette Garth dit :
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